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[n° ou bulletin]
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N°4287 - Revue mensuelle - Au-delà de la déroute afghane [texte imprimé] / François Euvé, Directeur de publication . - 2022 . - 1 vol. (144 p.) ; 24 cm. Langues : Français (fre) |
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OUV554572 | Etu LAM | Livre | Bibliothèque UCM | Théologie | Consultation sur place Exclu du prêt |
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[article]
Titre : Au-delà de la déroute afghane Type de document : texte imprimé Auteurs : David Dominique, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : 7-16 Langues : Français (fre) Note de contenu : Engagement et désengagement américains
L’échec militaire
L’échec politico-stratégique
Un échec moral
La fin de l’intervention
Retrouver le monde réel
En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/au-dela-de-la-deroute-afghane-23892
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 7-16[article] Au-delà de la déroute afghane [texte imprimé] / David Dominique, Auteur . - 2022 . - 7-16.
Langues : Français (fre)
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 7-16
Note de contenu : Engagement et désengagement américains
L’échec militaire
L’échec politico-stratégique
Un échec moral
La fin de l’intervention
Retrouver le monde réel
En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/au-dela-de-la-deroute-afghane-23892 Réservation
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[article]
Titre : L'éveil d'un nouveau Chili Type de document : texte imprimé Auteurs : Damien Larrouqué, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : 17-27 Langues : Français (fre) Résumé : Au Chili, des mouvements sociaux de grande ampleur débutèrent en octobre 2019. La violence des manifestations a surpris le pouvoir politique qui s’est trouvé déstabilisé. Même si la crise sanitaire en a provoqué le ralentissement, un processus de changement constitutionnel est en cours. Il semble que l’ère Pinochet soit bel et bien close. Note de contenu : Les raisons d’une colère multiforme
L’écho des images
Le télescopage des crises sociale et sanitaire
Vers une nouvelle constitution
En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/l-eveil-d-un-nouveau-chili-23900
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 17-27[article] L'éveil d'un nouveau Chili [texte imprimé] / Damien Larrouqué, Auteur . - 2022 . - 17-27.
Langues : Français (fre)
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 17-27
Résumé : Au Chili, des mouvements sociaux de grande ampleur débutèrent en octobre 2019. La violence des manifestations a surpris le pouvoir politique qui s’est trouvé déstabilisé. Même si la crise sanitaire en a provoqué le ralentissement, un processus de changement constitutionnel est en cours. Il semble que l’ère Pinochet soit bel et bien close. Note de contenu : Les raisons d’une colère multiforme
L’écho des images
Le télescopage des crises sociale et sanitaire
Vers une nouvelle constitution
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[article]
Titre : Le Parlement dans la crise sanitaire Type de document : texte imprimé Auteurs : de Bujadoux Jean-Félix, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : 31-42 Langues : Français (fre) Résumé : Dans l’opinion publique, l’image du Parlement reste celle d’une assemblée trop dépendante de la volonté présidentielle, en dépit des réformes qui visaient à renforcer son rôle propre. Paradoxalement, l’entrée à l’Assemblée nationale de personnes issues de la société civile a contribué à affaiblir sa position. En outre, la crise sanitaire a conduit à légiférer par ordonnances et à réduire le contrôle sur le gouvernement. Il convient de redéfinir les rapports entre l’exécutif et le Parlement. Note de contenu : Une « reparlementarisation » limitée
Les promesses non tenues
Le Parlement face à la Covid-19
Une République encore plus présidentialisée
Gouvernements de crise
En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/le-parlement-dans-la-crise-sanitaire-23843
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 31-42[article] Le Parlement dans la crise sanitaire [texte imprimé] / de Bujadoux Jean-Félix, Auteur . - 2022 . - 31-42.
Langues : Français (fre)
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 31-42
Résumé : Dans l’opinion publique, l’image du Parlement reste celle d’une assemblée trop dépendante de la volonté présidentielle, en dépit des réformes qui visaient à renforcer son rôle propre. Paradoxalement, l’entrée à l’Assemblée nationale de personnes issues de la société civile a contribué à affaiblir sa position. En outre, la crise sanitaire a conduit à légiférer par ordonnances et à réduire le contrôle sur le gouvernement. Il convient de redéfinir les rapports entre l’exécutif et le Parlement. Note de contenu : Une « reparlementarisation » limitée
Les promesses non tenues
Le Parlement face à la Covid-19
Une République encore plus présidentialisée
Gouvernements de crise
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[article]
Titre : Écobiographie et écospiritualité Type de document : texte imprimé Auteurs : Jean-Philippe Pierron, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : 43-54 Langues : Français (fre) Résumé : « Il y a une géopolitique des îles, tout comme il y en a une des montagnes, des rivières, des cavernes, des grottes et des champs, de tous les lieux qui ont le pouvoir d’exercer sur l’homme une attraction particulière. »
Vassili Golovanov, Éloge des voyages insensés, ou l’Île, Verdier, 2008, p. 22.
Comment répond-on à la question « Qui suis-je » ? Que dit-on lorsqu’on dit « je » ou « nous1 » ? Ces questions sont des questions personnelles. Elles sont aussi collectives. De nombreux événements donnent de le mesurer. Sur le mode tragique, le souvenir lointain d’avoir violenté bêtes et bestioles constitue le réservoir de ce que Golovanov nomme les « savoirs intransmissibles de l’enfance », tout comme les mégafeux2 qui se multiplient, les inondations meurtrières, la Covid-19 ou les pollutions industrielles donnent de mesurer combien nos vies personnelles ou collectives (qu’il s’agisse d’une entreprise ou d’une collectivité territoriale) se racontent aux rythmes d’appartenances douloureuses à la nature. Sur le mode épique, des formes d’habitat ou de vie tout autour de la rotondité de la Terre, comme disait Kant, inventent de formidables civilisations : peuples du désert, Nenets éleveurs de rennes, peuples de la Grande Forêt ou peuples du recul de la frontière (frontier) ; tout comme il est des épopées intimes (la première cabane dans les arbres, l’aventure enfantine des traversées de flaques d’eau). Sur le mode comique, le partage de vidéos d’animaux sur Internet, avec humour, occupe 20 % du trafic de messagerie mondiale, tout comme les multiples histoires de nos vies sont enchevêtrées et tissées avec des animaux qui nous firent vivre des situations désopilantes, joyeuses, heureuses et parfois risibles.Note de contenu : De la biographie à l’écobiographie
Écobiographie, écopsychologie et écospiritualité
Un psaume d’écologie intégrale
En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/ecobiographie-et-ecospiritualite-23895
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 43-54[article] Écobiographie et écospiritualité [texte imprimé] / Jean-Philippe Pierron, Auteur . - 2022 . - 43-54.
Langues : Français (fre)
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 43-54
Résumé : « Il y a une géopolitique des îles, tout comme il y en a une des montagnes, des rivières, des cavernes, des grottes et des champs, de tous les lieux qui ont le pouvoir d’exercer sur l’homme une attraction particulière. »
Vassili Golovanov, Éloge des voyages insensés, ou l’Île, Verdier, 2008, p. 22.
Comment répond-on à la question « Qui suis-je » ? Que dit-on lorsqu’on dit « je » ou « nous1 » ? Ces questions sont des questions personnelles. Elles sont aussi collectives. De nombreux événements donnent de le mesurer. Sur le mode tragique, le souvenir lointain d’avoir violenté bêtes et bestioles constitue le réservoir de ce que Golovanov nomme les « savoirs intransmissibles de l’enfance », tout comme les mégafeux2 qui se multiplient, les inondations meurtrières, la Covid-19 ou les pollutions industrielles donnent de mesurer combien nos vies personnelles ou collectives (qu’il s’agisse d’une entreprise ou d’une collectivité territoriale) se racontent aux rythmes d’appartenances douloureuses à la nature. Sur le mode épique, des formes d’habitat ou de vie tout autour de la rotondité de la Terre, comme disait Kant, inventent de formidables civilisations : peuples du désert, Nenets éleveurs de rennes, peuples de la Grande Forêt ou peuples du recul de la frontière (frontier) ; tout comme il est des épopées intimes (la première cabane dans les arbres, l’aventure enfantine des traversées de flaques d’eau). Sur le mode comique, le partage de vidéos d’animaux sur Internet, avec humour, occupe 20 % du trafic de messagerie mondiale, tout comme les multiples histoires de nos vies sont enchevêtrées et tissées avec des animaux qui nous firent vivre des situations désopilantes, joyeuses, heureuses et parfois risibles.Note de contenu : De la biographie à l’écobiographie
Écobiographie, écopsychologie et écospiritualité
Un psaume d’écologie intégrale
En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/ecobiographie-et-ecospiritualite-23895 Réservation
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[article]
Titre : Politique de la fatigue Type de document : texte imprimé Auteurs : Romain Huët, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : 55-66 Langues : Français (fre) Résumé : La fatigue se manifeste par une perte de vitalité. Mais elle est surtout une expérience du gouffre. Elle est le sentiment que les attachements familiaux, amicaux ou plus largement à l’humanité se défont au point de n’apparaître que comme froids, superficiels et sans reliefs. L’expérience de la Covid-19 a étendu à toujours plus de personnes ce sentiment d’épuisement face à un monde étroit et drastiquement verrouillé. Dans cet article, l’intention est de ne prendre que quelques aspects de cet état d’épuisement : sa signification politique, d’une part, et la façon d’y répondre collectivement, d’autre part. Note de contenu :
L’épuisé en veut au monde
L’épuisé fait signe
Les obstacles à la politisation de l’épuisé
Les attentes de l’épuisé
Rencontrer, écouter, décentrer
En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/politique-de-la-fatigue-23889
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 55-66[article] Politique de la fatigue [texte imprimé] / Romain Huët, Auteur . - 2022 . - 55-66.
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in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 55-66
Résumé : La fatigue se manifeste par une perte de vitalité. Mais elle est surtout une expérience du gouffre. Elle est le sentiment que les attachements familiaux, amicaux ou plus largement à l’humanité se défont au point de n’apparaître que comme froids, superficiels et sans reliefs. L’expérience de la Covid-19 a étendu à toujours plus de personnes ce sentiment d’épuisement face à un monde étroit et drastiquement verrouillé. Dans cet article, l’intention est de ne prendre que quelques aspects de cet état d’épuisement : sa signification politique, d’une part, et la façon d’y répondre collectivement, d’autre part. Note de contenu :
L’épuisé en veut au monde
L’épuisé fait signe
Les obstacles à la politisation de l’épuisé
Les attentes de l’épuisé
Rencontrer, écouter, décentrer
En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/politique-de-la-fatigue-23889 Réservation
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Titre : Xavier Ricard Lanata 1973-2021 Type de document : texte imprimé Auteurs : Thomas Gomart, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : 65-66 Langues : Français (fre) Résumé : « Nous sommes dimanche et, sur le parvis de l’église de Cibitoke [Burundi], il y a foule. La nef est bondée et je me tiens debout sur les marches : à l’intérieur retentissent des chœurs somptueux, d’une polyphonie complexe et ondoyante comme une brise. Ces chants ont la puissance calme et apaisante des averses : on voudrait se mettre dessous et recevoir, des heures durant, la pluie qui tombe dru et qui lave jusqu’au tréfonds. Je me tiens tout droit sous l’orage de la cantate. Tout me semble justifié et j’ai peine à croire qu’il puisse y avoir sur cette Terre autre chose que cet entrelacs de voix qui s’achève par une clameur victorieuse, à l’unisson », écrit Xavier Ricard Lanata dans Blanche est la Terre1.
Il a utilisé tous ses talents pour louer le monde et l’améliorer. Chrétien, ethnologue, philosophe, poète, haut fonctionnaire, universitaire, musicien, conteur, comédien, bricoleur, cultivateur, cuisinier, marcheur, polyglotte, amoureux, mais surtout fils, père, frère et ami. Sa famille est devenue un cœur battant vers ses amis du monde. Par une activité incessante, il a noué de multiples liens entre l’Europe, l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie du Sud-Est, qui témoignent de son extraordinaire sens de l’amitié. Sa vitalité et son enthousiasme étaient contagieux.
Il a aussi beaucoup œuvré en silence. À très haute altitude, sur les hauts plateaux du Pérou, terrain de sa thèse consacrée au chamanisme andin, il a fait l’expérience du froid, de la faim et de la solitude en passant plusieurs mois à regarder paître des troupeaux. L’apprentissage du quechua lui permit progressivement de se faire accepter des bergers, de recueillir leurs témoignages et de comprendre leurs mythes. Expérience fondatrice. Directeur adjoint du centre d’études régionales andines « Bartolomé de Las Casas » à Cuzco, entre 2002 et 2007, Xavier nourrit de nombreux projets de recherche en s’attachant au dialogue interculturel. De retour en France, il devint directeur des partenariats internationaux du CCFD – Terre Solidaire et mit son énergie dans des projets locaux de développement. Il me confiait alors n’être jamais aussi heureux qu’aux côtés des paysans à travailler dans un champ. Il y avait, chez Xavier, une volonté politique de changer le monde, qui le conduisit à réussir le concours de l’ENA pour en sortir au Trésor… Choc personnel qui accentua son orientation vers l’écologie radicale.
Parallèlement, Xavier a poursuivi son cheminement intellectuel avec des articles, des conférences et des enseignements sur un rythme très soutenu. Membre fondateur de la revue Terrestres2, habilité à diriger des recherches, il a publié quatre livres superbement écrits, qui reflètent une rare capacité de description des conséquences locales de la globalisation. Ses ouvrages sont précieux en ce qu’ils témoignent d’une sensibilité poétique au monde et d’une compréhension économique de ses mécanismes sous-jacents. Ils sont les jalons d’une réflexion, entre nature et culture, sur la beauté du monde et sa fragilité. Réflexion ambitieuse qui fut aussi une quête personnelle. En 2011, il publia sa thèse de doctorat Les voleurs d’ombre, qui décrit l’univers religieux des bergers de l’Ausangate3. Six ans plus tard, il commença ainsi Blanche est la Terre : « Ce livre est le récit d’un chemin de conversion. » Avant d’ajouter : « J’écris ce livre comme on apporte, au col, sa pierre pour l’y déposer sur un cairn. Un récit d’éveils et d’émerveillements, mais aussi de fatigues. » Vinrent ensuite deux essais incisifs. Dans La tropicalisation du monde4, Xavier inversa la perspective habituelle : les économies des pays occidentaux sont en voie de « tropicalisation », c’est-à-dire de colonisation par l’insatiable appétit des marchés dont les acteurs principaux sont déterritorialisés. Dans Demain la planète5, il élabora quatre scénarios de déglobalisation en dénonçant l’impasse capitaliste et en cherchant une issue viable. Xavier a traversé la maladie en écrivant deux autres livres que ses amis attendent. Son parcours et son œuvre les accompagnent désormais dans leur éducation à l’écologie, comme composante essentielle de toute réflexion politique. Qu’il en soit remercié avec une profonde gratitudeEn ligne : https://www.revue-etudes.com/article/politique-de-la-fatigue-23889
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 65-66[article] Xavier Ricard Lanata 1973-2021 [texte imprimé] / Thomas Gomart, Auteur . - 2022 . - 65-66.
Langues : Français (fre)
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 65-66
Résumé : « Nous sommes dimanche et, sur le parvis de l’église de Cibitoke [Burundi], il y a foule. La nef est bondée et je me tiens debout sur les marches : à l’intérieur retentissent des chœurs somptueux, d’une polyphonie complexe et ondoyante comme une brise. Ces chants ont la puissance calme et apaisante des averses : on voudrait se mettre dessous et recevoir, des heures durant, la pluie qui tombe dru et qui lave jusqu’au tréfonds. Je me tiens tout droit sous l’orage de la cantate. Tout me semble justifié et j’ai peine à croire qu’il puisse y avoir sur cette Terre autre chose que cet entrelacs de voix qui s’achève par une clameur victorieuse, à l’unisson », écrit Xavier Ricard Lanata dans Blanche est la Terre1.
Il a utilisé tous ses talents pour louer le monde et l’améliorer. Chrétien, ethnologue, philosophe, poète, haut fonctionnaire, universitaire, musicien, conteur, comédien, bricoleur, cultivateur, cuisinier, marcheur, polyglotte, amoureux, mais surtout fils, père, frère et ami. Sa famille est devenue un cœur battant vers ses amis du monde. Par une activité incessante, il a noué de multiples liens entre l’Europe, l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie du Sud-Est, qui témoignent de son extraordinaire sens de l’amitié. Sa vitalité et son enthousiasme étaient contagieux.
Il a aussi beaucoup œuvré en silence. À très haute altitude, sur les hauts plateaux du Pérou, terrain de sa thèse consacrée au chamanisme andin, il a fait l’expérience du froid, de la faim et de la solitude en passant plusieurs mois à regarder paître des troupeaux. L’apprentissage du quechua lui permit progressivement de se faire accepter des bergers, de recueillir leurs témoignages et de comprendre leurs mythes. Expérience fondatrice. Directeur adjoint du centre d’études régionales andines « Bartolomé de Las Casas » à Cuzco, entre 2002 et 2007, Xavier nourrit de nombreux projets de recherche en s’attachant au dialogue interculturel. De retour en France, il devint directeur des partenariats internationaux du CCFD – Terre Solidaire et mit son énergie dans des projets locaux de développement. Il me confiait alors n’être jamais aussi heureux qu’aux côtés des paysans à travailler dans un champ. Il y avait, chez Xavier, une volonté politique de changer le monde, qui le conduisit à réussir le concours de l’ENA pour en sortir au Trésor… Choc personnel qui accentua son orientation vers l’écologie radicale.
Parallèlement, Xavier a poursuivi son cheminement intellectuel avec des articles, des conférences et des enseignements sur un rythme très soutenu. Membre fondateur de la revue Terrestres2, habilité à diriger des recherches, il a publié quatre livres superbement écrits, qui reflètent une rare capacité de description des conséquences locales de la globalisation. Ses ouvrages sont précieux en ce qu’ils témoignent d’une sensibilité poétique au monde et d’une compréhension économique de ses mécanismes sous-jacents. Ils sont les jalons d’une réflexion, entre nature et culture, sur la beauté du monde et sa fragilité. Réflexion ambitieuse qui fut aussi une quête personnelle. En 2011, il publia sa thèse de doctorat Les voleurs d’ombre, qui décrit l’univers religieux des bergers de l’Ausangate3. Six ans plus tard, il commença ainsi Blanche est la Terre : « Ce livre est le récit d’un chemin de conversion. » Avant d’ajouter : « J’écris ce livre comme on apporte, au col, sa pierre pour l’y déposer sur un cairn. Un récit d’éveils et d’émerveillements, mais aussi de fatigues. » Vinrent ensuite deux essais incisifs. Dans La tropicalisation du monde4, Xavier inversa la perspective habituelle : les économies des pays occidentaux sont en voie de « tropicalisation », c’est-à-dire de colonisation par l’insatiable appétit des marchés dont les acteurs principaux sont déterritorialisés. Dans Demain la planète5, il élabora quatre scénarios de déglobalisation en dénonçant l’impasse capitaliste et en cherchant une issue viable. Xavier a traversé la maladie en écrivant deux autres livres que ses amis attendent. Son parcours et son œuvre les accompagnent désormais dans leur éducation à l’écologie, comme composante essentielle de toute réflexion politique. Qu’il en soit remercié avec une profonde gratitudeEn ligne : https://www.revue-etudes.com/article/politique-de-la-fatigue-23889 Réservation
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Code-barres Cote Support Localisation Section Disponibilité OUV554572 Etu LAM Livre Bibliothèque UCM Théologie Consultation sur place
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[article]
Titre : Allez les Verts ! Type de document : texte imprimé Auteurs : Frédéric Denhez, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : 65 Langues : Français (fre) Résumé : Yannick Jadot a été élu de peu, et voilà Europe Écologie Les Verts (EELV) prêt pour la campagne présidentielle. La bataille n’a pas été facile car EELV est un parti hétéroclite, sorte de Parti socialiste grande époque en plus agité, où l’on discourt beaucoup, avant tout pour régler la musique entre les courants. Le reste du temps, on dit non, on dénonce, on rappelle l’allégeance aux dogmes établis et on appelle au grand chambardement qui seul pourra tout changer, parce que c’est ainsi. S’il reste encore cinq minutes, on se demande comment tout de même on fera pour que les gens suivent. Ça, c’était l’habitude qu’a outrepassée Jadot en adoptant une posture réellement politique : plutôt que des grands discours, des mots qui parlent, à la place du Grand Soir étouffant, des propositions qui laissent de l’espoir, celle des compromis.
Malgré tout, Jadot a eu du mal à aspirer tout son mouvement derrière lui, parce que celui-là est affligé d’une formidable lourdeur. EELV est une machine à repérer les marginaux pour nourrir son discours antisystème. Ainsi le wokisme, le racialisme, l’écoféminisme et autres étrangetés doctrinales sont-ils apparus par la simple arrivée dans le mouvement de jeunes urbains très diplômés, à l’écoute de ce qui se passe dans les universités américaines. Relayés par Sandrine Rousseau, ils ont créé une nouvelle ligne de force dans le mouvement écologiste : non seulement il faut abattre le capitalisme pour sauver le monde mais, en plus, il s’agit désormais de mettre par terre l’emprise des mâles, des blancs, du monde occidental. À l’extrême droite et en partie à droite, c’est le tout immigration ; à l’extrême gauche et pour la moitié des Verts, c’est la domination. De quoi faire rêver l’électeur qui se pense juste citoyen de la République.
Derrière des programmes assez proches, il y a en réalité deux visions très différentes du monde entre les jadotistes et les rousseauistes (le barbarisme n’est pas vain), entre des gens qui pensent que le fauteur de dégâts est d’abord économique et d’autres pour lesquels il est d’essence raciste et sexiste. N’y a-t-il pas quelque chose d’impossible à prétendre réunir des écologistes pour qui la planète va mal à cause de l’appât du gain et du plaisir immédiat avec d’autres qui affirment que, si la Terre est violée, c’est en raison même que des femmes sont violées et que des Noirs ont été mis en esclavage ? Cela semble d’autant moins probable que les études montrent invariablement le même profil : la très anxieuse génération des « millénials » avoue une demande d’autorité, de sécurité, d’interdictions, de restrictions ; elle ne place pas en premier pilier de notre démocratie la liberté d’expression, ni même la laïcité, car il ne faut blesser quiconque, ni altérer le statut de victime et, surtout, puisque la catastrophe menace, il faut prendre des décisions fermes pour protéger la planète. Déconstruire plutôt qu’agir. La Chine, ce n’est peut-être pas si mal ? Après tout, la démocratie a accouché de Trump.
Comment Jadot va-t-il faire pour concilier la raison et l’émotion ? Le pragmatisme et l’obsession ? L’action et l’indignation ? Je ne sais pas. Mais je lui souhaite de réussir.
Sur quel programme ? Il y avait du bon dans les deux tendances. Chez Rousseau, par exemple, l’orientation de l’épargne populaire vers les investissements durables, la suppression des forfaits qui encouragent la surconsommation et la gratuité des premiers mégawattheures et mètres cubes consommés. Chez Jadot, nettement plus solide, la TVA à 0 % pour les produits recyclables, la création d’une école des services publics ou d’une union franco-allemande sur les questions d’écologie ou de défense. Chez les deux, toujours les mêmes manques : on sanctuarise la biodiversité, les forêts, les rivières, sans expliquer de quelle façon ; on sort du nucléaire sans raconter comment on démultiplie les éoliennes, la biomasse et le solaire dont personne ne veut ; on prône un statut juridique pour les animaux et on hisse le crime d’écocide plutôt que de faire appliquer les lois existantes. Pas un mot sur les sols, clé de voûte de notre adaptation au futur, pas un mot sur le foncier, sans lequel on ne peut agir sur l’étalement urbain.
En tout cas, les Verts, avant leur scission probable, sont au centre du jeu politique. Ce n’est pas si mal, mais ça risque de faire long feu.
En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/allez-les-verts-23866
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 65[article] Allez les Verts ! [texte imprimé] / Frédéric Denhez, Auteur . - 2022 . - 65.
Langues : Français (fre)
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 65
Résumé : Yannick Jadot a été élu de peu, et voilà Europe Écologie Les Verts (EELV) prêt pour la campagne présidentielle. La bataille n’a pas été facile car EELV est un parti hétéroclite, sorte de Parti socialiste grande époque en plus agité, où l’on discourt beaucoup, avant tout pour régler la musique entre les courants. Le reste du temps, on dit non, on dénonce, on rappelle l’allégeance aux dogmes établis et on appelle au grand chambardement qui seul pourra tout changer, parce que c’est ainsi. S’il reste encore cinq minutes, on se demande comment tout de même on fera pour que les gens suivent. Ça, c’était l’habitude qu’a outrepassée Jadot en adoptant une posture réellement politique : plutôt que des grands discours, des mots qui parlent, à la place du Grand Soir étouffant, des propositions qui laissent de l’espoir, celle des compromis.
Malgré tout, Jadot a eu du mal à aspirer tout son mouvement derrière lui, parce que celui-là est affligé d’une formidable lourdeur. EELV est une machine à repérer les marginaux pour nourrir son discours antisystème. Ainsi le wokisme, le racialisme, l’écoféminisme et autres étrangetés doctrinales sont-ils apparus par la simple arrivée dans le mouvement de jeunes urbains très diplômés, à l’écoute de ce qui se passe dans les universités américaines. Relayés par Sandrine Rousseau, ils ont créé une nouvelle ligne de force dans le mouvement écologiste : non seulement il faut abattre le capitalisme pour sauver le monde mais, en plus, il s’agit désormais de mettre par terre l’emprise des mâles, des blancs, du monde occidental. À l’extrême droite et en partie à droite, c’est le tout immigration ; à l’extrême gauche et pour la moitié des Verts, c’est la domination. De quoi faire rêver l’électeur qui se pense juste citoyen de la République.
Derrière des programmes assez proches, il y a en réalité deux visions très différentes du monde entre les jadotistes et les rousseauistes (le barbarisme n’est pas vain), entre des gens qui pensent que le fauteur de dégâts est d’abord économique et d’autres pour lesquels il est d’essence raciste et sexiste. N’y a-t-il pas quelque chose d’impossible à prétendre réunir des écologistes pour qui la planète va mal à cause de l’appât du gain et du plaisir immédiat avec d’autres qui affirment que, si la Terre est violée, c’est en raison même que des femmes sont violées et que des Noirs ont été mis en esclavage ? Cela semble d’autant moins probable que les études montrent invariablement le même profil : la très anxieuse génération des « millénials » avoue une demande d’autorité, de sécurité, d’interdictions, de restrictions ; elle ne place pas en premier pilier de notre démocratie la liberté d’expression, ni même la laïcité, car il ne faut blesser quiconque, ni altérer le statut de victime et, surtout, puisque la catastrophe menace, il faut prendre des décisions fermes pour protéger la planète. Déconstruire plutôt qu’agir. La Chine, ce n’est peut-être pas si mal ? Après tout, la démocratie a accouché de Trump.
Comment Jadot va-t-il faire pour concilier la raison et l’émotion ? Le pragmatisme et l’obsession ? L’action et l’indignation ? Je ne sais pas. Mais je lui souhaite de réussir.
Sur quel programme ? Il y avait du bon dans les deux tendances. Chez Rousseau, par exemple, l’orientation de l’épargne populaire vers les investissements durables, la suppression des forfaits qui encouragent la surconsommation et la gratuité des premiers mégawattheures et mètres cubes consommés. Chez Jadot, nettement plus solide, la TVA à 0 % pour les produits recyclables, la création d’une école des services publics ou d’une union franco-allemande sur les questions d’écologie ou de défense. Chez les deux, toujours les mêmes manques : on sanctuarise la biodiversité, les forêts, les rivières, sans expliquer de quelle façon ; on sort du nucléaire sans raconter comment on démultiplie les éoliennes, la biomasse et le solaire dont personne ne veut ; on prône un statut juridique pour les animaux et on hisse le crime d’écocide plutôt que de faire appliquer les lois existantes. Pas un mot sur les sols, clé de voûte de notre adaptation au futur, pas un mot sur le foncier, sans lequel on ne peut agir sur l’étalement urbain.
En tout cas, les Verts, avant leur scission probable, sont au centre du jeu politique. Ce n’est pas si mal, mais ça risque de faire long feu.
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Exclu du prêtConnaître et réparer les abus sexuels dans l'Église / François Euvé in Etudes, N°4287 (Revue mensuelle)
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Titre : Connaître et réparer les abus sexuels dans l'Église : Entretien avec Jean-Marc Sauvé - Type de document : texte imprimé Auteurs : François Euvé, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : 67-90 Langues : Français (fre) Résumé : Remis le 5 octobre 2021, le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique (Ciase) – élaboré à partir d’enquêtes, d’auditions d’experts et surtout de victimes – fait l’inventaire des cas de violences sexuelles subies par des mineurs de la part de clercs et de religieux, survenus dans les soixante-dix dernières années. Il propose de nombreuses recommandations sur l’accueil des victimes, la reconnaissance de la responsabilité de l’Église, la réparation des dommages causés, le recrutement et la formation des prêtres, l’évolution du droit de l’Église et une meilleure gouvernance de celle-ci.
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 67-90[article] Connaître et réparer les abus sexuels dans l'Église : Entretien avec Jean-Marc Sauvé - [texte imprimé] / François Euvé, Auteur . - 2022 . - 67-90.
Langues : Français (fre)
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Résumé : Remis le 5 octobre 2021, le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique (Ciase) – élaboré à partir d’enquêtes, d’auditions d’experts et surtout de victimes – fait l’inventaire des cas de violences sexuelles subies par des mineurs de la part de clercs et de religieux, survenus dans les soixante-dix dernières années. Il propose de nombreuses recommandations sur l’accueil des victimes, la reconnaissance de la responsabilité de l’Église, la réparation des dommages causés, le recrutement et la formation des prêtres, l’évolution du droit de l’Église et une meilleure gouvernance de celle-ci. Réservation
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Titre : L'écologie des très pauvres Type de document : texte imprimé Auteurs : Frédéric-Marie Le Méhauté, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : 81-92 Langues : Français (fre) Résumé : Le lien entre la « clameur de la terre » et la « clameur des pauvres » est à préciser pour montrer à quel point la mutation écologique doit être pensée à partir des exclus. Les personnes en précarité sont en effet dépositaires d’un savoir dont il serait dommage de se priver. Ce sont les plus « terrestres » d’entre nous. À leur écoute, nous pourrons renforcer les liens de fraternité et construire un projet de transition écologique juste et durable. Note de contenu :
Premiers touchés, premiers coulés
Premiers touchés, premiers experts
Une anthropologie à reconstruire
Une politique à reconstruire
En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/l-ecologie-des-tres-pauvres-23864
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 81-92[article] L'écologie des très pauvres [texte imprimé] / Frédéric-Marie Le Méhauté, Auteur . - 2022 . - 81-92.
Langues : Français (fre)
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 81-92
Résumé : Le lien entre la « clameur de la terre » et la « clameur des pauvres » est à préciser pour montrer à quel point la mutation écologique doit être pensée à partir des exclus. Les personnes en précarité sont en effet dépositaires d’un savoir dont il serait dommage de se priver. Ce sont les plus « terrestres » d’entre nous. À leur écoute, nous pourrons renforcer les liens de fraternité et construire un projet de transition écologique juste et durable. Note de contenu :
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Titre : Éloge de la foi nue Type de document : texte imprimé Année de publication : 2022 Langues : Français (fre) Résumé :
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Anne Lécu
Numéro de novembre 2021
Éloge de la foi nue
Éloge de la foi nue
Les circonstances, en la personne d’un voisin carme – Jean-Baptiste Lecuit1 –, m’ont permis de découvrir une grande figure de la spiritualité carmélitaine, sœur Rachel, alias Ruth Burrows, carmélite anglaise et autrice renommée qui n’avait pas encore été traduite en français. Elle vient de publier notamment Jalons pour la prière intérieure (Éditions du Carmel), un texte important qui mérite d’être lu de près.
En substance, Ruth Burrows est considérée dans le monde anglo-saxon comme une des plus importantes figures de la mystique contemporaine. C’est en tout cas la conviction de Rowan Williams, l’ancien archevêque de Cantorbéry, qui n’hésite pas à écrire qu’elle est de nos jours « l’une des interprètes les plus profondes de la tradition carmélitaine ». C’est aussi l’avis du jésuite James Martin, bien connu outre-Atlantique.
Son texte Jalons pour la prière intérieure date de 1975. Elle y expose deux voies possibles dans la vie spirituelle, celle de Claire et celle de Pétra, la première excessivement rare, qu’elle appelle « pleins feux », celle des visions et des manifestations que l’on rattache aux grands auteurs mystiques connus, et l’autre, ordinaire, « tous feux éteints », qui n’est pas de moindre valeur. Sous l’alias de Pétra se cache sans nul doute sa propre expérience, qui est bien souvent la nôtre, et c’est pour cela que ce livre est passionnant. La vie mystique n’est pas réservée à la voie de « pleins feux ». L’on peut parfaitement vivre uni au Christ sans rien éprouver, en s’ennuyant dans la prière, en ayant le plus souvent conscience de ses propres limites et de ses insuffisances, dans l’aridité, la banalité des jours, au cœur d’une véritable pauvreté intérieure. Elle n’hésite pas à proposer une lecture iconoclaste de Thérèse d’Avila et nous invite à avoir un véritable regard critique sur la recherche de sensations, de signes, tout ce qui nous ferait « éprouver Dieu ». Ruth Burrows reproche aux commentateurs de l’œuvre de Thérèse « d’en avoir fait une légende » : « Nous avons fait d’elle ce que nous voulons qu’elle soit, à l’image de ce que ses contemporains avaient eux aussi commencé. Avec eux, quand elle tombait dans l’escalier, c’était la manifestation extraordinaire du démon ; si elle avait une intuition, ce ne pouvait être que l’Esprit saint. » (p. 144).
Il ne s’agit pas de remettre en cause l’expérience de Thérèse, mais notre fascination devant le merveilleux, qui nous permet finalement de nous croire dispensés d’une authentique quête de Dieu ou, au contraire, nous fait rechercher à tout prix des phénomènes surnaturels en oubliant de chercher Dieu, travers qui n’a peut-être pas complètement épargné Thérèse : « Bien que Jean de la Croix fût confesseur de la communauté du temps où Thérèse était prieure du couvent de l’Incarnation, elle-même avait pour confesseur un autre prêtre. Elle ne pouvait que reconnaître les qualités de Jean de la Croix, mais elle avait peur de son enseignement. […] Elle était suffisamment avertie pour s’apercevoir, sans jamais l’admettre sciemment, que Jean, à l’inverse d’autres confesseurs qu’elle dominait sans en avoir l’air, refusait de se laisser impressionner par le merveilleux. » (p. 146).
Pour Ruth Burrows, cela n’enlève aucune valeur à l’expérience de Thérèse, mais il faut la resituer au bon endroit : « Sa prière était plus profonde qu’elle n’en avait conscience, et c’est par la prière qu’elle vécut. Dans son abandon et son union vivante, c’est une prière à laquelle nous sommes tous appelés : elle consiste à laisser Jésus être » (p. 147). C’est bien par sa pauvreté que Thérèse est un exemple et non par ses visions.
C’est pourquoi ce texte n’est pas une réflexion réservée aux religieux ou aux seuls contemplatifs. Qui de nous ne s’est pas souvent profondément ennuyé à la messe ou dans de pauvres tentatives d’oraison ? Ruth Burrows nous assure que cet état de misère que nous pouvons éprouver si nous sommes honnêtes peut tout à fait être compris comme une « grâce de la Providence divine » afin de fortifier la foi. Seule compte finalement la mort de l’ego, le fait de « faire place » à l’autre, au Tout-autre, au Christ. Et la vie spirituelle n’est que le long apprentissage de cette dé-préoccupation de soi, dans la vie la plus quotidienne, à l’image de Jésus totalement abandonné à son Père et donné aux hommes dans la plus grande pauvreté qui soit. Son texte est un antidote sérieux à un certain nombre de courants spirituels qui cherchent à « éprouver Dieu » à travers une efficacité, des signes sensibles, des « manifestations de l’Esprit ». Pour Ruth Burrows, le chemin le plus sûr est la foi nue, la nôtre bien souvent, et c’est une bonne nouvelle.En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/eloge-de-la-foi-nue-23884
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle)[article] Éloge de la foi nue [texte imprimé] . - 2022.
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Les circonstances, en la personne d’un voisin carme – Jean-Baptiste Lecuit1 –, m’ont permis de découvrir une grande figure de la spiritualité carmélitaine, sœur Rachel, alias Ruth Burrows, carmélite anglaise et autrice renommée qui n’avait pas encore été traduite en français. Elle vient de publier notamment Jalons pour la prière intérieure (Éditions du Carmel), un texte important qui mérite d’être lu de près.
En substance, Ruth Burrows est considérée dans le monde anglo-saxon comme une des plus importantes figures de la mystique contemporaine. C’est en tout cas la conviction de Rowan Williams, l’ancien archevêque de Cantorbéry, qui n’hésite pas à écrire qu’elle est de nos jours « l’une des interprètes les plus profondes de la tradition carmélitaine ». C’est aussi l’avis du jésuite James Martin, bien connu outre-Atlantique.
Son texte Jalons pour la prière intérieure date de 1975. Elle y expose deux voies possibles dans la vie spirituelle, celle de Claire et celle de Pétra, la première excessivement rare, qu’elle appelle « pleins feux », celle des visions et des manifestations que l’on rattache aux grands auteurs mystiques connus, et l’autre, ordinaire, « tous feux éteints », qui n’est pas de moindre valeur. Sous l’alias de Pétra se cache sans nul doute sa propre expérience, qui est bien souvent la nôtre, et c’est pour cela que ce livre est passionnant. La vie mystique n’est pas réservée à la voie de « pleins feux ». L’on peut parfaitement vivre uni au Christ sans rien éprouver, en s’ennuyant dans la prière, en ayant le plus souvent conscience de ses propres limites et de ses insuffisances, dans l’aridité, la banalité des jours, au cœur d’une véritable pauvreté intérieure. Elle n’hésite pas à proposer une lecture iconoclaste de Thérèse d’Avila et nous invite à avoir un véritable regard critique sur la recherche de sensations, de signes, tout ce qui nous ferait « éprouver Dieu ». Ruth Burrows reproche aux commentateurs de l’œuvre de Thérèse « d’en avoir fait une légende » : « Nous avons fait d’elle ce que nous voulons qu’elle soit, à l’image de ce que ses contemporains avaient eux aussi commencé. Avec eux, quand elle tombait dans l’escalier, c’était la manifestation extraordinaire du démon ; si elle avait une intuition, ce ne pouvait être que l’Esprit saint. » (p. 144).
Il ne s’agit pas de remettre en cause l’expérience de Thérèse, mais notre fascination devant le merveilleux, qui nous permet finalement de nous croire dispensés d’une authentique quête de Dieu ou, au contraire, nous fait rechercher à tout prix des phénomènes surnaturels en oubliant de chercher Dieu, travers qui n’a peut-être pas complètement épargné Thérèse : « Bien que Jean de la Croix fût confesseur de la communauté du temps où Thérèse était prieure du couvent de l’Incarnation, elle-même avait pour confesseur un autre prêtre. Elle ne pouvait que reconnaître les qualités de Jean de la Croix, mais elle avait peur de son enseignement. […] Elle était suffisamment avertie pour s’apercevoir, sans jamais l’admettre sciemment, que Jean, à l’inverse d’autres confesseurs qu’elle dominait sans en avoir l’air, refusait de se laisser impressionner par le merveilleux. » (p. 146).
Pour Ruth Burrows, cela n’enlève aucune valeur à l’expérience de Thérèse, mais il faut la resituer au bon endroit : « Sa prière était plus profonde qu’elle n’en avait conscience, et c’est par la prière qu’elle vécut. Dans son abandon et son union vivante, c’est une prière à laquelle nous sommes tous appelés : elle consiste à laisser Jésus être » (p. 147). C’est bien par sa pauvreté que Thérèse est un exemple et non par ses visions.
C’est pourquoi ce texte n’est pas une réflexion réservée aux religieux ou aux seuls contemplatifs. Qui de nous ne s’est pas souvent profondément ennuyé à la messe ou dans de pauvres tentatives d’oraison ? Ruth Burrows nous assure que cet état de misère que nous pouvons éprouver si nous sommes honnêtes peut tout à fait être compris comme une « grâce de la Providence divine » afin de fortifier la foi. Seule compte finalement la mort de l’ego, le fait de « faire place » à l’autre, au Tout-autre, au Christ. Et la vie spirituelle n’est que le long apprentissage de cette dé-préoccupation de soi, dans la vie la plus quotidienne, à l’image de Jésus totalement abandonné à son Père et donné aux hommes dans la plus grande pauvreté qui soit. Son texte est un antidote sérieux à un certain nombre de courants spirituels qui cherchent à « éprouver Dieu » à travers une efficacité, des signes sensibles, des « manifestations de l’Esprit ». Pour Ruth Burrows, le chemin le plus sûr est la foi nue, la nôtre bien souvent, et c’est une bonne nouvelle.En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/eloge-de-la-foi-nue-23884 Réservation
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Titre : Pierre Sansot, sagesse d'un flâneur Type de document : texte imprimé Auteurs : Michel Hastings, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : 93-101 Langues : Français (fre) Résumé : Peu soucieux des champs disciplinaires, Pierre Sansot frayait au carrefour de la philosophie, de la sociologie, de l’anthropologie et de la poésie urbaine. Son œuvre est une invitation au voyage – comme on entre en communion ou en résistance –, un engagement de soi, un exercice spirituel et surtout une fidélité joyeuse au départ. Il en résulte une sagesse modeste de passant et de flâneur qui vaut la peine d’être redécouverte. Note de contenu : Plan de l'article
L’odyssée du proche
La vie sociale comme paysage
L’épreuve du sensible
En ligne : https://www.revue-etudes.com/article/pierre-sansot-sagesse-d-un-flaneur-23877
in Etudes > N°4287 (Revue mensuelle) . - 93-101[article] Pierre Sansot, sagesse d'un flâneur [texte imprimé] / Michel Hastings, Auteur . - 2022 . - 93-101.
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Résumé : Peu soucieux des champs disciplinaires, Pierre Sansot frayait au carrefour de la philosophie, de la sociologie, de l’anthropologie et de la poésie urbaine. Son œuvre est une invitation au voyage – comme on entre en communion ou en résistance –, un engagement de soi, un exercice spirituel et surtout une fidélité joyeuse au départ. Il en résulte une sagesse modeste de passant et de flâneur qui vaut la peine d’être redécouverte. Note de contenu : Plan de l'article
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